Les lumières de la ville s’allument une à une
Et comme toutes les nuits, ces lumières cacheront la lune
Ce n’est pas le souci des automobilistes pressés
Rentrant chez eux en évitant le hors-piste
Leurs voitures s’agglutinent aux carrefours
Sillonnent les avenues, début du compte à rebours
Plus que deux heures avant
Le silence angoissant des rues balayées par le vent
Un calme sans issue
Sous mon œil déçu, le temps défile
Le jour cède la place à une nuit docile
Bientôt, plus rien ne bouge
Plus de files d’attente aux feux rouges
Des lumières bleues derrière les rideaux
19 heures 45 : les boutiques sont toutes éteintes
L’obscurité m’entoure et m’éreinte
Alors pour faire taire le silence, je pars à la recherche
D’une ambiance

Il est 20 heures
La ville s’endort
Il est 20 heures
Et moi, je sors

Une bière m’apporte du réconfort
Mais pour ce qui est de la présence, il me faut la chercher dehors
Sur le trottoir de ce bar où s’entassent les fumeurs
Quoi que tu fasses, gare à la mauvaise humeur
Du voisin du dessus, qui n’hésitera pas
A appeler sans préavis « la maison Poulaga »
Parce que le bruit, c’est pas possible, et que ça l’insupporte
D’entendre des gens vivre et rire devant sa porte
Le cafetier prendra une, puis deux, puis trois amendes
Pour tapage nocturne, avant de penser à vendre
Encore un lieu de vie, de convivialité, qui s’évanouit
Dans les nuits aseptisées de nos villes

Il est 20 heures
La ville s’endort
Il est 20 heures
Et moi, je sors

Théâtres de quartier
Cafés populaires
Squats autogérés
Petites salles de concert
Epiceries ouvertes tard le soir
Ciné-clubs
Bars associatifs
Une armée de bulldozers attend dans le noir
Erigera une nouvelle ville
Fin de l’histoire
Début d’une nouvelle époque
Fantasme d’élus, décisions sans équivoque
La roue tourne, et moi
J’erre dans les rues de ma ville
Dans les faubourgs déserts, sur les boulevards tranquilles
Et dans 10 ans, que restera-t-il
Quartiers résidentiels
Souvenirs indélébiles

Il est 20 heures
La ville s’endort
Il est 20 heures
Et moi, je sors

La roue tourne, et moi
J’erre dans les rues de ma ville
Dans les faubourgs déserts, sur les boulevards tranquilles