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La N​é​cessité d'Etre

by IRAEVERSIBLE

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1.
Sait-on qui nous sommes Sait-on de quoi nous sommes capables Du meilleur ou du pire, dans nos petites vies confortables Qu’est-ce qui pousse à se remettre en question A faire son introspection A faire vraiment face à ses démons Sait-on de quoi on a besoin Non pas ce qu’on veut Mais ce qui nous fera avancer vers demain On confond ce qui est nécessaire et ce dont on a envie On confond réussir dans la vie et réussir sa vie On nous apprend à voir avec des œillères A ignorer ce qui n’est pas « je » : chacun gère ses affaires On nous apprend à être médiocres et à le revendiquer A fermer notre porte, à jalouser, à convoiter A consommer, et cela, bien plus que de raison On se croit libre, mais on construit soi-même les murs de sa prison On a perdu l’envie de savoir, et le goût de l’autre On ne sait même plus être soi, alors tu pense (!), les autres Parqués dans nos cases anonymes, difficile de se trouver Briser la vitre, se libérer Mais la liberté, qu’est-ce que c’est Le fantasme d’avoir, la nécessité d’être. Tellement de désespoir, tellement de peurs secrètes Ressembler à des modèles imposés Façonné selon le moule ; prédestiné Réprimer ses rêves, ses désirs profonds Qu’on garde ancrés au fond de soi, et qui nous rongent Garder une contenance ; sourires de façade Mais dans les yeux, un voile : reflet d’une vie si fade La routine qui crée le manque d’ouverture L’ennui qui écrase, obsédant comme une blessure L’envie d’autre chose, la rage de savoir La magie d’une rencontre qui donne un peu d’espoir La joie d’un moment partagé, la chaleur La découverte de soi Le bonheur
2.
Il s’immisce dans les conversations, quels que soient l’heure ou le lieu Il est reprit à l’unisson, par les bavards et les envieux Ceux qui pensent que, de toutes façons, y’a pas de fumée sans feu Et qui, pour cette simple raison, jouent allègrement le jeu Ce jeu, c’est celui du bruit qui court, qui se répand alentour Qui s’incruste dans les banquets, comme dans les arrière-cours Un grognement sourd, qui grossit, tel l’ouragan Et prend sa source au milieu d’un océan de curieux et malveillants « Dis-moi qui ! », « Dis-moi où ! », « Dis-moi quand ! » L’histoire se raconte, mais les récits ne concordent jamais vraiment Fondamentalement, on s’en fout, car après tout L’essentiel est de faire la parlote, en sirotant son Fitou Dans les bars à vins bobos, dans les troquets crados Dans les squares, jusque dans les jardins d’enfants, on se passe le mot Les langues se délient, et entretiennent ce phénomène Qui provoque pêle-mêle, scandales et réactions en chaînes Sais-tu que j’ai entendu dire que Un ami m’a dit que Mais moi, je sais ce que tu ne sais pas Approche-toi, et laisse-moi te conter tout bas la sale histoire Celle que tout le monde veut savoir Il fera de toi un héros, un salaud sans scrupules Fera ton éloge plus qu’il ne faut, ou te rendra ridicule Les possibilités sont infinies, s’accumulent Au fur et à mesure qu’elles s’additionnent, la vérité recule Sage, celui qui ne prête pas l’oreille au bruit qui court Qui n’écoute pas le chant des sirènes, et reste sourd Au boucan de la rumeur qui vocifère ; son manège l’indiffère Seule sa conscience lui dicte quoi dire, ou faire Exposé aux rancunes, aux règlements de comptes Tu te retrouves à la une des potins les plus immondes Ton image prend du plomb dans l’aile en quelques secondes Et je t’assure que, dans ces moments, y’a que ton moral qui compte Garde la tête haute, attends que passe l’orage Avec le temps, s’estomperont les sales bavardages Le bruit qui court égrène son chapelet de ragots Qui alimenteront sans peine, les commérages des badauds
3.
Le Brancard 05:07
La vieille dame s’est éteinte ; on l’a trouvée chez elle Ses voisins ont donné l’alerte Ils n’avaient plus de nouvelles depuis plusieurs jours Lorsque les pompiers sont entrés Ils l’ont découverte étendue au sol, devant son évier On recherche ses papiers d’identité : elle s’appelle Fiona Lévi Et aux dires de ses voisins, elle n’a plus de famille Elle a plus de 90 ans, elle vit seul depuis 50 ans Dans cet appartement du neuvième arrondissement Elle vit encore à ce moment là On découvre sur son avant-bras, un tatouage Il y a encore des gens qui ont connus ça Cinq chiffres gravés dans sa chair Pour qu’elle n’oublie jamais la misère, la déportation, les massacres On fait des examens : on décèle une hémorragie cérébrale massive Pour cette rescapée de la barbarie, l’heure est venue Alors on lui cherche un lit pour mourir dans la dignité Mais il est minuit passé Aucun lit dans aucune structure d’urgences de Paris On cherche en vain ; on craint que la vieille dame ne passe pas la nuit Les cliniques privées la refusent Elles sont spécialisées dans les opérations chirurgicales rentables La charité n’est pas leur fort Elles se foutent pas mal de savoir ce que cette vieille dame a vécu Elle ne leur rapportera pas un dollar Triste réalité d’un système de santé qui se dégrade Qui se soucie plus du pognon, que des malades Il faut agir vite, avant qu’il ne soit trop tard Alors la vieille dame mourante va attendre sur un brancard Attendre quoi La fin d’une existence menée seule Au départ prometteuse, mais souillée par l’horreur et le deuil Autour d’elle, toute une équipe d’infirmières s’affaire Afin qu’elle ne manque de rien, en attendant qu’un lit se libère Les heures passent : la nuit s’achève, la matinée commence Fiona s’accroche à la vie, du fond de son inconscience On lui aménage un box rien que pour elle C’est le maximum qu’on puisse faire : c’est peu mais ça en vaut la peine Peut-être s’est-elle battue il y a 60 ans pour la création de la Sécu Si elle voyait où elle est maintenant Cet âpre combat mené par nos grands-parents Afin que nous ayons le droit de nous soigner correctement 15 heures : enfin un lit est libre, mais c’est trop tard La vieille dame vient de s’éteindre, entourée mais sur un brancard Des histoires comme celle-ci, il y en a des centaines tous les jours Dans ce pays qui se renie, la mémoire sous anesthésie Il y en aura de plus en plus, vu que nos dirigeants Ont décidé que l’hôpital devait faire de l’argent La santé devra s’aligner sur le privé Au menu : flexibilité, efficience, rentabilité Tout ce charabia libéral, sans utilité ni éthique Dont le but secret est la suppression de l’hôpital public Pourtant, nous avons le meilleur système de santé au monde La menace gronde au dessus de nos têtes de privilégiés insouciants Le concept d’accès à la santé pour chacun vit ses dernières années Voici l’ère de la propriété privée
4.
On a coupé la moitié de mes racines à la base Depuis je boîte, une jambe dans l’abîme, et l’autre qui s’épuise A maintenir un équilibre plus qu’incertain Quoi qu’on en dise, Je sais le chemin des indécis que l’ignorance écrase Je sais le poids des non-dits, des mensonges par omission Je sais le vacarme du silence qui décourage les questions Je sais la colère qu’il engendre, je connais le plus infime Détail du chemin que borde la rivière de mes racines Mais j’en suis bien trop loin : ce sentier est ma bordure Et d’où je suis, je m’imagine dans ces eaux couleur azur Je me vois quitter cette cage, pleine de mes questions dérisoires M’en aller, sans être pour autant libre et rempli d’espoir De mes rêves d’enfant, ce mystère a émergé Je volerai vers lui, à bord de cet oiseau de fer Dont les odeurs synthétiques, déjà, ramèneront en arrière Mon pauvre petit esprit, apeuré par tant de cimetières O temple de ma mémoire, dont les lâches gardiens ont fuis Laissant battantes, grandes ouvertes, les portes du souvenir D’où plus de cent-mille grenouilles, croassant en chœur dans la nuit Viennent me hanter, me rappeler ce passé que je ne cesse de fuir Un jour, je partirai vers cette terre de mes ancêtres Fantasme occidental aux innombrables plages prêtes A accueillir le stress métropolitain, et le transformer en bien-être Tellement le temps s’arrête, au chaud du sable fin Tellement on est bien Comme on peut le lire dans les dépliants d’agences de voyages Qu’il est séduisant, le joli mirage Toi, tu y vas, tu rentres et tu tournes la page Je reste là, la peur au ventre, avec dans la tête toutes ces images Fantômes de la mémoire, odeurs et visages On ne m’a légué que des souvenirs en héritage Et moi, je m’y complais Même si parfois, de mon hexagone natal Mon esprit s’évade en contemplant les étoiles Il parcoure les kilomètres et les années Et rejoint ceux que j’ai laissés, dans les méandres de l’enfance abandonnée Ceux que je ne reverrai jamais, et qui sont à jamais figés dans mes pensées Comme ce pays, auquel je me suis refusé Un jour, rassemblant tout mon courage, je partirai Je franchirai cet océan de peurs, de doutes et de regrets Et de ce que j’ai laissé il y a maintenant plus de vingt ans Je ne retrouverai rien ou presque ; mais la vie ne dure qu’un instant Alors je veux que cet instant soit intense A l’aube de l’adolescence, j’ai vu pour la dernière fois ton soleil éclatant Je sais que tu m’attends, que je suis le seul qui décide Si oui ou non, je vais plonger dans la rivière de mes racines On a coupé la moitié de mes racines à la base Depuis je boîte, mais peu à peu le vide se comble, à ma surprise C’est un peu vrai qu’avec le temps, la douleur s’amenuise Mais je donnerais cher Pour savoir comment faire pour qu’elle s’efface
5.
XY 02:19
Ça s’est passé en cinq minutes, assis à la terrasse La stupeur, puis la douleur te submergent, te dépassent Il t’annonce qu’il te quitte, que c’était qu’une passade Ton monde s’écroule derrière ta contenance de façade Il ne sait pas quoi dire, il est embarrassé Il voudrait être loin de toi, de ton regard glacé Il t’explique à demi-mots que ses gosses et sa femme sont tout pour lui Que s’il les perd, il perd son âme aussi Mais toi, tu sais ce qu’il en est, de lui et de sa petite famille Combien de fois t’a-t-il dit qu’il voulait changer de vie Entre bobonne qui l’insupporte, ses gosses qu’il voit si peu Ses penchants inavoués, son existence qui sonne si creux C’en est trop : à présent le chagrin te monte aux yeux Les larmes débordent, malgré que tu les retiennes tant que tu peux Tu l’aimais ; tu l’aimes toujours d’ailleurs, mais il te jette Une année d’une passion dévorante, jetée aux oubliettes Tu restes là groggy, après qu’il soit parti Tu te promets de ne plus jamais craquer sur un père de famille Tu maudis ta sensibilité à fleur de peau Selon toi, tes pleurs sonnaient comme une faiblesse, un cadeau Puis enfin tu te lèves, tu reprends tes esprits Relève la tête, enfonce-toi dans la chaleur de la nuit Un nouvel amant t’attend sûrement quelque part Quelqu’un doux et patient, qui saura te faire oublier cette histoire Pourtant ce soir, tu n’as pas envie de sortir Te coller sur ton oreiller, qui étouffera tes pleurs et tes soupirs Voilà comment pour toi, s’annonce la soirée Les semaines à venir, gâchées pour une illusion d’une année Toi, tu es romantique : tu cherches « le grand Amour » Sans lui, tu ne trouves pas de sens à tes nuits et tes jours Une douce parenthèse au milieu de la violence du quotidien Qui s’accommode si mal de la différence Tu n’y peux rien, c’est en toi ; tu n’as même pas eu le choix L’évidence s’est faite jour lors de tes premiers émois Pas facile de l’accepter quand on a seize ans De s’affirmer clairement aux yeux de tes proches Bons citoyens bien-pensants Au sein d’une famille à l’image bien nette On n’admet pas l’idée qu’il y ait des mecs qui aiment les mecs XY
6.
Depuis qu’il travaille à Paris, Max est obligé de prendre le train Il quitte Auxerre tous les matins, le soir il rejoint sa famille Il a un abonnement professionnel Ce soir il est en retard, et il cavale pour retrouver ceux qu’il aime Une fois arrivé à la gare, il constate avec soulagement Que le train n’est pas encore parti Cependant un obstacle se dresse devant lui Symbolisé par quatre agents de la sécurité ferroviaire, qu’il croise tous les soirs Pourtant ce soir, ils ne veulent pas le laisser monter à bord Tant qu’il ne leur a pas présenté son titre de transport Max fouille de manière fébrile dans son sac Alors qu’on annonce que le train pour Auxerre est en partance immédiate Il leur déclare en sautant dans le train Qu’il présentera son billet à l’agent, comme il le fait tous les matins C’est alors que les quatre molosses Empoignent Max sans chercher à comprendre, et le font sortir de force Il atterrit tête première sur le quai Le front en sang il se relève, de rage il balance un crochet au premier qui se présente C’est le geste qu’ils attendaient Ils vont se faire un plaisir de lui faire passer l’envie de se rebeller Pour un billet de train coincé au fond d’un sac Il s’est retrouvé prisonnier d’une situation pour le moins opaque Les matraques jaillissent des ceintures Les coups pleuvent sur son crâne, et tout son corps Il craint de succomber s’ils frappent encore Soudain ils s’arrêtent, y’a du sang sur le béton Le train est parti, Max est seul face à ces quatre nazillons Pourtant rien n’est fini ; ce n’est que le début d’une longue nuit Incrédule, Max se retrouve ne garde à vue On lui annonce que les agents ont porté plainte Pour « ivresse sur la voie publique, insultes et violence physique » Il se retrouve dans une cellule sentant l’urine et l’excrément Doit endurer les injures et les moqueries des agents Dont ils se faisait une idée totalement différente Ses jugements de valeurs ont basculés en moins d’une minute trente Lui qui applaudissait la « tolérance zéro » Ils sont vingt dans dix mètres-carré, il y a même deux marmots albanais Complètement paumés dans cet endroit où ils n’ont pas leur place Révolté mais honteux, Max voit la vérité en face Pour un billet de train coincé au fond d’un sac Il s’est retrouvé prisonnier d’une situation pour le moins opaque Il a subit des humiliations telles qu’il n’en avait vues que dans les fictions Au chaud dans son canapé, à la maison Mais là, il a tout vu : les coups, la garde à vue Le médecin, l’avocat, et le trajet menotté dans la rue Il se sent sali, n’est presque plus un homme A la merci de ces messieurs, protégés par leurs uniformes Aujourd’hui tout est fini : Max est rentré chez lui Il a retrouvé avec bonheur son épouse et ses deux filles L’affaire a été classée « sans suite » par le procureur Pourtant dans son esprit, colère et peur toujours demeurent Dans ce pays démocratique, il se croyait tranquille Il sait maintenant à quel point le statut d’homme libre est fragile Il suffit de quelques minutes au mauvais endroit, au mauvais moment Et l’injustice t’attend au tournant
7.
Au bistrot du commerce On rigole, on converse de choses sans importance C’est le quartier général d’une bande de potes, quelque part en France On s’y retrouve dans la bonne humeur, toujours à la même heure Celle de l’apéro, du p’tit jaune ou du gros rouge qui tâche, et coule à flot Les verres s’enchaînent à une vitesse hallucinante Au rythme des tournées générales : place à la détente On trinque sans s’arrêter, bientôt les regards sont hagards Et même les esprits les plus chagrins finissent par devenir bavards Comme larrons en foire jusque tard le soir, dans ce décor pittoresque Qui sent le vieux mégot, la sueur et la mauresque Sous les regards vulgaires de pin up à la mine boudeuse Voisines de vieilles écharpes de clubs de foot, ternes et poussiéreuses Francis, debout derrière le zinc, remplit les verres vides Avec régularité, il verse le précieux liquide Qui finira dans les estomacs de ses amis, qui oublieront leurs soucis, La smala et le turbin, juste un peu de répit Au bistrot du commerce, on rit bêtement En faisant toujours le même geste, à l’écœurement « ‘ttention gosier, v’là une averse ! » Au bistrot du commerce, Entre compères, on peut aussi donner sa vision de la vie Sans risquer les austères contradictions de bien-pensant quelconque Aucune crainte à avoir, on est entre nous On peut dire c’qu’on pense, sans s’exposer aux tabous Ensemble, déplorer qu’en France, aujourd’hui, tout est permis Que l’absence d’intransigeance ouvre la porte à tous les compromis Regarde-moi ces bicots qui font comme s’ils étaient chez eux Si on renvoyait toute cette racaille d’où elle vient, on vivrait mieux Approbation générale devant cette affirmation pleine de bon sens Les esprits sont échauffés, le débat commence C’est comme les pédés, on peut plus dire que c’en est L’ont tous le sida ces empaffés, j’te les foutrais dans un camp fermé Et j’parle pas des juifs qui tiennent les rouages du pouvoir Vichy avait du bon, tiens Francis, resserre-moi donc à boire Faut pas qu’ je rentre tard, sinon bobonne va aboyer D’puis qu’elle adhère à Ni Putes Ni Soumises, j’peux même plus l’avoiner Au bistrot du commerce, on rit bêtement En faisant toujours le même geste, à l’écœurement « ‘ttention gosier, v’là une averse ! » Une remarque en appelle une autre Pour faire court, tout y passe : des fonctionnaires feignasses Aux Rmistes, qui dans le luxe se vautrent en rien foutant J’te leur ferais casser d’la caillasse au bord des routes Comme je l’ai vu dimanche dernier, dans Walker Texas C’est c’qui nous faudrait : un gros dur pour nettoyer la place De tous ces étrangers qui nous volent et nous encrassent Soudain, quelqu’un entre dans le bistrot sans que personne ne le remarque Sa voix résonne : « Sali’ ti l’monde ! » Un ange passe C’est Ahmed qui, comme tous les jours, vient faire son quinté C’est bizarre, entre ce type et nous, c’est jamais vraiment passé Pt ’être parce qu’i boit pas, qu’i fume pas… Dur de sympathiser Comment dire, il est pas comme nous quoi, y’a rien à ajouter En plus, faut dire qu’au milieu de nos ventres ronds et de nos teints rougeaux Difficile d’affirmer qu’i passe bien dans l’ tableau Celui d’une bande de gars sympas, qui aiment bien rigoler Et ce, toujours dans un bon esprit, Francis, remets une tournée
8.
9.
Se sentir nu et apeuré Noyé dans les limbes du doute Au milieu de l’obscurité, rechercher un semblant d’écoute Savoir se parer d’insouciance pour pouvoir aller au-delà D’un sentiment dominant de méfiance, et de chacun pour soi Tu sors à peine de ta chrysalide que, déjà, tu t’en vas Tu marques de tes pas cette terre aride Sans même regarder derrière toi Sans même comprendre, sans même savoir Que des êtres semblables dans leur fragilité Virevoltent et s’émeuvent, tout comme toi Regarde-moi, comme je te regarde Ressens la vie qui coule en moi Ne vois-tu pas Ne sens-tu pas Que nous luisons du même éclat Me taire, et écouter ton écho qui résonne en moi Pour un instant, sentir qu’on est vivant Comprendre que ta présence, à ce moment, est importante Quelque chose de précieux, d’urgent Donne-moi la main tant qu’il est temps Ne vois-tu pas qu’il passe, et que bientôt, de nous Il n’y aura plus de traces Sentir que tu es mon appui, pour un instant, être celui Qui partagera avec toi cette seconde, au milieu du néant Une fraction furtive d’amour et de complicité Au cœur de cette éternité, pour qui nos vies ne sont qu’un jour Dans le silence résonne le tic-tac du compte à rebours Et on avance, aveugle et sourd Tout seul, on poursuit son errance Mais, puisqu’un pas dans la vie est un pas vers la mort Ce pas, je le fais avec toi Et si les dieux nous jettent un sort Autant foncer têtes baissées, en ayant l’impression d’être libres Libres d’exulter, et de suivre le chemin qu’on s’est désigné Libre d’y croire, et de suivre, pour ne pas être résigné Comme tous ces gens aigris, qui pensent qu’on ne cesse de reproduire Pouvoir m’arrêter, et souffler à l’ombre de ton rire T’accompagner dans tes délires, même s’ils me sont étrangers Car avec toi, j’éprouverai le temps d’un soupir L’ivresse et le goût du danger Déjà, la parenthèse enchantée se referme On s’aime à en perdre haleine, alors que les secondes s’égrainent A peine le temps de ressentir Déjà, la vie nous désunit Qui de nous deux l’aurait prédit Inconscients du temps qui s’enfuit Il nous reste encore un moment Avant d’être happés dans la course folle d’un monde Qui se fout bien des sentiments Mais pour une seconde encore, je veux te garder contre moi Avant qu’on change de décor Pouvoir t’étreindre encore une fois Regarde-moi, comme je te regarde Ressens la vie qui coule en moi Ne vois-tu pas Ne sens-tu pas Que l’on vibrait du même éclat
10.
Ils nous reviennent d’une époque qu’on croyait révolue Une époque où on savait se tenir en société Nostalgiques de ces temps obscurs, ils ont jeté leur dévolu Sur ces tristes années 2000, pour le moins agitées D’abord indésirables ? Ce sont-ils sournoisement immiscé Au sein de l’écrasante majorité des anonymes Ou bien ont-ils toujours été là, tranquillement cachés Attendant leur heure, convaincus de la revanche ultime Eh bien nous y voilà ! Ils ont remporté la bataille Mais une victoire sans gloire, on leur a laissé le champ libre Ils ont gagné la course, on leur a remis la médaille Mais désormais, de ces prétentieux bien pensants nous sommes les cibles Ils pensent qu’ils ont pour eux le bon sens et la morale Celle qui veut qu’on se taise au lieu de dire ce qu’on ressent Ces cons terre-à-terre ne contemplent jamais les étoiles Messieurs dames, faites place à la horde des bien-pensants Ces hommes et femmes comme vous et moi, donnent leur avis sur tout Rien n’est trop compliqué pour eux, au contraire, tout est limpide Garants des bonnes mœurs, pour eux tant de choses sont taboues La profondeur de leur pensée ne reflète que le vide Du haut de leur perchoir, ils jugent avec mépris Les originaux se sentant trop à l’étroit dans les cases Qui leur ont été attribuées, ces gêneurs n’ont pas la décence De faire table rase de leur puissant désir de liberté Liberté de conscience, liberté d’acte et de parole Liberté de proposition ou de contestation Mais ces messieurs et dames voudraient qu’on nous enseigne à l’école La discipline qui consiste à museler ses opinions Ils pensent qu’ils ont pour eux le bon sens et la morale Celle qui veut qu’on se taise au lieu de dire ce qu’on ressent Ces cons terre-à-terre ne contemplent jamais les étoiles Messieurs dames, faites place à la horde des bien-pensants Cette époque est la leur, un joli retour en arrière Improbable pirouette qui nous ramène trente ans plus tôt Et le bon peuple applaudit leurs discours réactionnaires Ces mots qui sentent la France, avec un arrière-goût rétro Mais derrière ces paroles qu’ils clament le regard fier Se cache une idée de la société bien arrêtée Soyons entre nous, pour les autres, il reste la prière Aide-toi et le ciel t’aidera, si tu n’es pas bien né Eh oui, mesdames messieurs, bienvenus dans la France TF1 Celle des ambitieux, des entrepreneurs et des rentiers Cette France où grossissent chaque jour les rangs des crève-la-faim Qui courbent l’échine sous le regard narquois des banquiers Car rien ne les intéresse tant que leurs propres affaires Que les petites gens se démerdent, ce ne sont que des perdants S’ils remuent trop, il reste l’institution pénitentiaire, Où nous entassons tous ceux que nous trouvons emmerdants Ils pensent qu’ils ont pour eux le bon sens et la morale Celle qui veut qu’on se taise au lieu de dire ce qu’on ressent Ces cons terre-à-terre ne contemplent jamais les étoiles Messieurs dames, faites place à la horde des bien-pensants Et lorsque nous aurons fait la lumière sur leurs intentions Que restera t’il de nous et nos délires utopiques Qu’ils tiendront depuis si longtemps les rênes de la nation Aurons-nous la volonté d’un nouveau mai 68 Quand ils auront créé leur société à deux vitesses En matière d’éducation, de santé ou de travail De religion, d’immigration, culture ou parité des sexes Saurons-nous dire basta, avec une énergie sans faille Je fais le vœu pieu que bientôt sonne l’heure du réveil Avant que cet état bourgeois ne nous croque à 100% Mais là je rêve, leurs vieilles combines ne datent pas de la veille Ça fait des lustres qu’on est cernés par les bien-pensants Ça fait des lustres qu’on est cernés par les bien-pensants Ça fait des lustres qu’on est cernés par les bien-pensants
11.
12.
Ce Jour Là 04:21
De ma fenêtre, je regarde tomber la pluie Ce temps d’hiver me pèse, et dans mon esprit Tout est gris, comme le ciel au dessus de ma tête Depuis qu’elle est partie, mes jours ne sont que solitude et ennui Elle s’en est allée vers d’autres horizons Elle a emporté loin d’ici les couleurs et les saisons On se croirait en novembre, pourtant c’est l’été Le mauvais temps s’est égaré en plein mois de juillet Il pleut sur la ville, et aussi dans mon cœur Le bonheur ne tient qu’à un fil, et la marge d’erreur Était si mince, que le couperet devait tomber tôt ou tard Son existence a basculé sans crier gare Le vide s’installe, et je refais le film dans le moindre détail Et il m’apparaît que notre bataille était perdue d’avance La chance, insaisissable, n’était pas sur nos rails Je pense à elle, et à ses désirs d’avenir radieux Pour elle et sa fille ; cette joie simple d’être en vie L’espoir m’a quitté un jour d’avril J’ai mal à la mémoire, et je traîne mon spleen Le temps s’est arrêté ce jour là Toutes mes utopies se sont envolées ce jour là Et depuis, je ne cesse de me demander pourquoi Elle rêvait de se faire une place ici D’oublier le passé, et ses souvenirs crasses Elle m’en avait parlé des nuits et des nuits C’était sa façon d’exhorter l’angoisse… Elle m’avait raconté comment elle avait fui cet endroit Et son chemin de croix pour quitter ce pays Où elle était née, mais qui la maintenait en esclavage Où elle ne pouvait même pas montrer son visage Elle m’avait raconté sa vie de jeune femme Soumise et dévouée, pour le salut de son âme, soit disant Jeune mariée à quinze ans Un rôle qui se borne à élever son enfant Il en fallut du courage pour s’arracher à son destin Quitter sa cage Je n’aurais pas fais le tiers du chemin qu’elle a parcouru Elle a tout vu de la barbarie des hommes, et ses ravages Cela faisait désormais sept ans qu’elle vivait ici C’était mon amie Elle avait reconstruit sa vie selon ses rêves, qui n’étaient pas si grands Mais quand t’as connu l’enfer, tout ça représente tellement Un appartement, un job à plein temps dans un restaurant haut de gamme Une vie sereine et sans larmes Jusqu’à ce jour d’avril Où elle est allée chercher sa fille à l’école Des messieurs l’attendaient Le temps s’est arrêté ce jour là Toutes mes utopies se sont envolées ce jour là Et depuis, je ne cesse de me demander pourquoi Pourquoi

about

LP 12 tracks - La Nécessité d'Etre, 2010.

credits

released January 1, 2010

Réalisé par Benjamin CAHEN & IRAEVERSIBLE
sauf La Rivière de mes Racines réalisé par Alex CAREL & IRAEVERSIBLE.
Enregistré, mixé et masterisé par Arnaud GAUCHARD, à MF'STUDIO@DBDC
sauf piano enregistré par Yann KLIMEZYK à Mon Studio.
Musiques: IRAEVERSIBLE
Textes: Frédéric TIBURCE
sauf Vingt Ans (Léo FERRE) et La Ballade des Gens qui sont nés quelque Part (Georges BRASSENS).
Visuel pochette / photos / graphisme: Paul MALBURET
Photo pochette: Jean-François Cam

IRAEVERSIBLE:
Frédéric TIBURCE: voix
Benjamin CAHEN: basse / contrebasse
Antoine TIBURCE: claviers / piano
Gérald DELIQUE: guitares
Nicolas STROEBEL: batterie

Guests:
Alex CAREL: sound design / scratch / synthétiseur sur La Rivière de mes Racines, Pour un Billet de Train, Un Bruit qui Court, Le Même Eclat.
J.B. CHARLOT: flûte traversière sur Le Brancard.
Fabrice BEZ: accordéon sur Au Bistrot du Commerce.
Max TISSERAND: clarinette sur Au Bistrot du Commerce.
Thomas GENEVRE: trombone sur Au Bistrot du Commerce.

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about

IRAEVERSIBLE Nancy, France

IRAEVERSIBLE est né en 2007, de la rencontre entre un parolier et quatre musiciens.
Après son premier opus - La Nécessité d'Etre, 2010, autoproduit - IRAEVERSIBLE poursuit son aventure musicale en vous proposant un nouveau titre par mois, à partir de mars 2012. ... more

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